S'adapter pour survivre .....

Les dinosaures ont disparus, tout comme la civilisation des mayas...

Le monde du vin doit se réinventer pour faire face à une situation qui s'est installée. Plus de retour en arrière possible, il est temps de tirer les leçons du passé et de trouver des solutions pour s'adapter et survivre .

L’ouverture du salon Wine Expo à Paris cette semaine est l’occasion de faire un état des lieux pour les producteurs de vins sur la perception des vins auprès des consommateurs en 2023.

L'ouverture de la Wine Expo, s'inscrit dans un contexte délicat pour la filière viticole française qui subit de plein fouet la baisse de la consommation annuelle de vin par les Français.

Le vin ne séduit plus autant qu'avant dans l'Hexagone. Jouissant pourtant d'une réputation hors-pair en la matière, la France voit sa consommation annuel de vin fondre comme neige au soleil, année après année. La consommation de vin en France a considérablement diminué depuis les années 1960, passant de 128 litres par an en moyenne à seulement 36 litres aujourd'hui. Les ventes de vins rouges en supermarché ont chuté de 15% en 2022, ce qui préoccupe la filière viticole. Malgré cela, la dernière vendange a été plutôt bonne et les chais sont pleins, ce qui pose un problème de stockage pour la prochaine récolte alors que l'intérêt des Français pour le vin continue de diminuer. Pourtant, en dépit d'épisodes de sécheresse et de canicule particulièrement marquants l'été dernier, la dernière vendange s'est voulue plutôt correcte et les chais sont pleins pour la plupart. À tel point que les vignerons se demandent comment stocker la prochaine récolte alors que l'intérêt des Français pour le produit ne cesse de chuter.

Les viticulteurs demandent l'aide de l'État pour transformer le vin excédentaire en alcool destiné à l'industrie, aux cosmétiques ou à la pharmacie, comme cela a été le cas en 2020 lors de la crise sanitaire. Ils réclament également des aides pour arracher les vignes en trop afin de réduire la superficie du vignoble français et mieux répondre à la demande du marché.

Le secteur du vin de Bordeaux traverse lui aussi une crise profonde. Les viticulteurs de l'appellation de Bordeaux générique sont confrontés à une surproduction de vin, une baisse de la demande et des prix, ainsi qu'à une trésorerie à sec. Les raisons de cette crise sont multiples, notamment la chute des exportations vers la Chine, les taxes américaines, la baisse de consommation de vin en France et le "Bordeaux bashing".

Face à cette situation, les viticulteurs demandent une aide financière de l'État pour les aider à faire face à cette perte, ainsi que la possibilité de procéder à l'arrachage de leurs pieds de vigne pour faire baisser le rendement. Il est important de noter que cette crise n'affecte pas l'ensemble du vignoble de Bordeaux, mais principalement l'appellation Bordeaux générique. Les autres appellations de Bordeaux, telles que Saint-Émilion, Pomerol et Margaux, continuent de produire des vins de qualité et de renommée internationale.

La baisse de la consommation de vin en France s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, les habitudes de consommation des Français ont évolué, avec une tendance à la baisse de la consommation d'alcool en général. Les Français sont également de plus en plus attentifs à leur santé, et préfèrent souvent des boissons moins alcoolisées ou sans alcool.

Par ailleurs, le "Bordeaux bashing" fait référence aux critiques et aux commentaires négatifs à l'encontre des vins de Bordeaux, notamment de la part de certains critiques de vins et de médias. Les critiques portent notamment sur le prix des vins de Bordeaux, jugé trop élevé, ainsi que sur l'image parfois perçue comme traditionnelle et peu accessible de ces vins.

En ce qui concerne la baisse de la consommation de vins de Bordeaux en particulier, plusieurs facteurs peuvent être en cause. Tout d'abord, la concurrence de vins de qualité venus d'autres régions du monde, tels que les vins californiens, a contribué à une baisse de la demande pour les vins de Bordeaux. Les taxes américaines sur les vins européens ont également eu un impact négatif sur les exportations de vins de Bordeaux vers les États-Unis, qui est un marché important pour cette région viticole. Enfin, la crise économique de ces dernières années a conduit certains consommateurs à privilégier des vins moins chers et plus accessibles.

Retour sur une situation qui se dégrade depuis de nombreuses années, notamment pour les grands vins, qui impose aujourd'hui aux acteurs du monde viticole un travail de remise en question et de séduction, à la conquête d'un nouveau public, (les GenY et GenZ) exigeants trop longtemps mis à l'écart. Conflit de génération, difficulté de communication ?

En cause, le désamour pour la jeune génération, séduite par des boissons plus désaltérantes, plus fun : la bière et les cocktails, et une communication générationnelle compliquée.

De plus en plus boudé pour la "jeune" génération, les grands vins leur renvoie l'image d'un produit trop cher, dont le langage et le vocabulaire est trop technique. Le monde viticole semble s'adresser à de rares amateurs maitrisant des codes et des termes nécessaires pour apprécier les subtilités et les différences entre les vins différents. Quid des acteurs néophytes qui ne maitriseraient pas ces standards de communication ?

Pourquoi l'univers du vin utilise-t-il un vocabulaire si technique ?

L'univers du vin utilise un vocabulaire technique pour plusieurs raisons :

1. Pour une description précise : Les experts en vins utilisent un vocabulaire technique pour décrire de manière précise les arômes, les saveurs et les textures des vins, car ces éléments sont très importants pour évaluer la qualité d'un vin.

2. Pour une comparaison objective : Le vocabulaire technique permet aux experts en vins de faire des comparaisons objectives entre les vins, ce qui est essentiel pour évaluer les différences de qualité.

3. Pour une classification standardisée : Le vocabulaire technique permet une classification standardisée des vins, ce qui aide les consommateurs à comprendre les différences entre les vins et à faire des choix éclairés.

4. Pour une culture du vin : Le vocabulaire technique fait partie de la culture du vin et permet aux experts et aux amateurs de discuter de leur passion en utilisant un langage commun.

En résumé, le vocabulaire technique de l'univers du vin est utilisé pour décrire de manière précise, comparer objectivement et classer standardisément les vins, ainsi que pour faire partie de la culture du vin.

Alors comment les "jeunes" générations voient-elles les grands vins ? Qu'elle est leur regard sur cet univers ?

Les générations Y (les personnes nées entre 1980 et 1995) ont une attitude différente à l'égard des grands vins par rapport aux générations précédentes. En général, les générations Y sont plus ouvertes et plus curieuses à l'égard des nouveaux styles de vins et des vins provenant de nouvelles régions. Ils sont également plus enclins à explorer des vins plus abordables et à se fier à des sources alternatives pour faire leurs choix de vins, telles que les recommandations d'amis et les critiques en ligne. Cependant, les générations Y sont également conscientes de la qualité et de la provenance des vins, et sont prêtes à dépenser pour des vins de qualité supérieure. Ils apprécient également les vins qui ont une histoire ou une tradition derrière eux, et qui peuvent être associés à un certain style de vie.

En résumé, les générations Y sont plus ouvertes et plus flexibles à l'égard des vins, mais elles sont également conscientes de la qualité et de la tradition dans leur choix de vins.

Les générations Z (les personnes nées entre 1996 et 2015) quant à elles, sont souvent considérées comme étant plus soucieuses de la durabilité et de l'impact environnemental, ce qui peut se refléter dans leur approche des vins. Ils sont souvent à la recherche de vins produits de manière écologique et durable, et sont prêts à dépenser pour des vins de qualité supérieure qui répondent à ces critères. De plus, les générations Z sont habituées à une grande quantité d'informations en ligne et à des options de consommation abondantes, ce qui les rend plus enclins à explorer des vins différents et à écouter les opinions des autres en ligne. Ils sont également souvent plus sensibles à la diversité et à l'inclusion, ce qui peut influencer leurs choix de vins.

En résumé, les générations Z sont soucieuses de la durabilité et de l'impact environnemental, et sont également à la recherche de nouvelles options et d'informations sur les vins. Cependant, leur attitude envers les grands vins peut varier en fonction de leurs expériences personnelles et de leurs préférences individuelles.

Alors comment séduire ces nouvelles générations ? Comment s'adapter dans notre discours ? Et comment casser les codes du vin ?

Casser les codes du vin peut signifier différentes choses pour différentes personnes, mais en général, il s'agit de briser les barrières qui peuvent rendre l'expérience de dégustation de vin intimidante ou inaccessible. Avoir une démarche plus inclusive afin de briser les codes du vin :

1. Parler un langage accessible : Utiliser un vocabulaire simple et clair pour décrire les vins peut aider à rendre l'expérience de dégustation plus accessible pour les débutants.

2. Éliminer les préjugés : Les consommateurs peuvent avoir des préjugés envers les vins en raison de leur prix, de leur région d'origine ou de leur couleur. Il est important de briser ces stéréotypes pour permettre à cette nouvelle génération de consommateur de découvrir des vins qu'ils peuvent apprécier, sans se fier aux préjugés.

3. Favoriser l'expérimentation : Encourager cette génération à essayer de nouveaux vins et à explorer différents styles, régions et couleurs peut les aider à briser les codes du vin et à découvrir des vins qu'ils apprécient.

4. Éduquer sur les différences de vin : En apprenant les différences entre les vins, en les aidant à comprendre pourquoi les vins ont des saveurs différentes et pourquoi certaines personnes préfèrent certains vins.

5. Créer une expérience inclusive : Rendre la dégustation de vin accessible et inclusive pour toutes les personnes afin de briser les codes et permettre ces nouveaux consommateurs de découvrir et d'apprécier les vins.

6. Créer de nouveaux packagings : Rendre la consommation plus inclusive, plus moderne, en proposant des contenants plus simples d'utilisation, plus modernes dans leurs formes, leurs couleurs et qui s'adaptent aux nouveaux modes de vie et de consommation.

En général, briser les codes du vin implique de rendre l'expérience de dégustation plus accessible, inclusive et amusante, sans se fier aux préjugés et aux stéréotypes.

Un travail qui est amorcé par certains acteurs de la profession qui ont décidé d'être pro-actif en travaillant sur de nouveau packaging, de nouveaux visuels plus séduisants, plus drôles, qui cassent les codes afin de s'adresser, sans complexe, à cette génération de nouveaux consommateurs. Prendre en considération leur vision du monde, plus durable, plus éco-responsable. S'adresser à eux de façon décomplexé, et en respectant leur vision du monde, leur monde de demain, et cela passera sans doute par :

1. Une communication claire et authentique : en valorisant la transparence et l'authenticité dans la communication, clair et honnête dans les messages et les interactions.

2. Une utilisation des réseaux sociaux : en utilisant massivement les réseaux sociaux pour interagir en étant présent sur les plateformes qu'ils utilisent et d'y être actif.

3. Une expérience utilisateur fluide : cela passe par des interactions rapides et simplifiés de l'utilisation des technologies. Il est donc important d'offrir une expérience utilisateur fluide et intuitive.

4. Des engagements sociaux et environnementaux : fortement engagée sur des questions sociales et environnementales, il est donc important de montrer que l'on partage ces valeurs et est engagé dans des actions concrètes.

5. Des produits et services personnalisés : valoriser l'individualité et l'unicité. Il est donc important d'offrir des produits et services personnalisés qui répondent à leurs besoins spécifiques.

En conclusion

Les pistes sont nombreuses, nous venons de le voir. Puisque les grandes maisons de vin et de champagne ont depuis longtemps intégrées les codes du luxe, il est temps d'opérer une transformation plus profonde afin de s'adapter, comme l'ont fait les maisons de haute couture, de parfumerie, d'accessoires et tant d'autres, aux nouveaux consommateurs. S'inspirer du passé, de son savoir-faire, trouver sa place dans le présent avec de nouveaux "savoir-dire" et construire le futur à l'écoute des nouvelles évolutions et des tendances de société, sans se renier.

Une transformation est essentielle pour les producteurs de grands vins afin de s'adapter aux nouveaux consommateurs et aux tendances de la société. Il est important de travailler sur l'image et la désirabilité des produits, tout en restant fidèle à son savoir-faire et à son histoire. Seuls les acteurs qui seront capables de s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs pourront survivre dans un environnement en constante évolution. La clé est de se réinventer tout en restant fidèle à ses valeurs et à sa culture, et de travailler sur sa capacité à s'adapter rapidement aux changements.

Tels sont les enjeux pour les viticulteurs et producteurs du monde du vin aujourd'hui.Travailler en profondeur sa désidérabilité par une profonde refonte de son image. Savoir s'adapter aux nouveaux codes de la société pour survivre aux transformations qui s'opèrent. Un travail que certains ont déjà amorcé. Seul les acteurs qui oseront cette remise en question profonde survivront au seïsme qui touche le secteur du vin.

Avancer, se ré-inventer pour survivre. Pas forcement la loi du plus fort, mais celle du plus agile.